Hôtel #3

Je ne vais pas vous bassiner avec des chambres d’hôtel, mais si elles se succèdent un peu trop rapidement à mon goût (faire et défaire continuellement la valise) elles permettent de découvrir plein d’endroits différents.

Je passe sous silence l’hôtel # 2, le Parkside d’Ueno avec sa chambre triste à l’unique vitre en verre sécurisé recouverte de condensation, son odeur de fumée froide et son aspect vétuste. Seul aspect plaisant, son bar désuet au dernier étage donnant sur le plan d’eau d’Ueno, sa pianiste de bar et son maître d’hôtel déjà mentionné.

L’hôtel #3 se trouve en grande banlieue de Kyoto, à 21 minutes de train express. La ville s’appelle Minamu-Kusatsu et organise tout un quartier neuf autour de la gare, une ville apparemment sans âme à l’architecture brutale.

J’arrive au crépuscule. Sur le parking, un politicien harangue les banlieusards pressés de rentrer chez eux. Ses militants salent incessamment de la main. Ce sont les élections locales, les candidats veulent faire preuve de proximité, mais c’est l’effet inverse qui se produit, c’est surréaliste!

Je n’arrête pas d’en voir, comme ceux-ci. Ça pourrait faire une belle série de reportage.

Pour revenir à l’hôtel, ce sera un hôtel impersonnel pour les salaryman ou businessman, mais impeccablement neuf. Une impression étrange d’être nulle part, des codes familiers mais un sentiment d’Unheimliche, l’inquiétante étrangeté.

Les fenêtres  des chambres au nord, dont la mienne, donnent sur un autre gigantesque immeuble. Pour éviter les regards indiscrets, je suppose, la vitre est dépolie. Même s’il y a des rideaux.

Chaque étage dispose d’une pièce avec les incontournables distributeurs de boissons et les machines à laver.

Des lumières rouges rassurent sur la prévention des incendies. On ne prend pas de risque dans ce pays exposé au risque.

Dans ce désert minéral, de Kusatsu, je découvre un merveilleux restaurant, chaleureux, avec un cuisinier qui m’improvise plein de plats.

Les trains pour se rendre à Kyoto sont pleins de commuters, qui s’endorment ou regardent leur portable. Presque aucun étranger. Je suis  content de loger à Kusatsu plutôt que dans un hôtel à Kyoto qui pourrait être plus proche en distance mais aussi plus long à atteindre en bus. Je vois le paysage qui défile. Des petites maisons toutes semblables, des entrepôts, des petites industries, un paysage bas qui contraste avec Tokyo, mais aussi avec le centre de Kyoto.

    

Un sage lit! Et me fait penser â ce tableau vu au musée d’art moderne de Kyoto.

  

 

Le train était arrivé au terminus. La jeune femme dormait. Le wagon était presque vide. Je me demandais si quelqu’un allait la réveiller…

5 réflexions sur “Hôtel #3

  1. Marion Droz dit :

    Dans cette solitude urbaine et environnement technologise déprimant, le seul qui semble pouvoir donner espoir à l’humanité est ton vieux sage. Sais tu le titre de son livre?

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  2. Katiaki dit :

    Oui. Mais après lui ? Les plus jeunes deviendront-ils sages à leur tour et de quelle manière ?

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    • Philippe dit :

      Il ne faut pas oublier que l’informatique â peut-être su préserver l’écriture japonaise. Et il existe aujourd’hui des dictionnaires japonais numériques qui autorisent des recherches impensables avec les volumes papier.

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